L’espace souterrain est certainement la forme la plus ancienne de l’habitat humain. A la préhistoire déjà l’Homme utilisait des cavités naturelles pour s’abriter, certainement attiré par leur sol tendre et peu humide, ou tout simplement parce qu’il lui arrivait de manquer de bois et de végétaux de construction. S’inspirant des aspérités de la roche, l’Homme muni de silex y trouvera un moyen d’expression pour décrire son quotidien dans le calcaire tendre et friable, et créera ainsi la gravure…

Puis il en vint durant l’Antiquité à l’ excavation volontaire du caillou, creusant horizontalement dans les flancs de falaises des espaces plus confortables, de façon artisanale. Certains de ces édifices étaient de véritables palais (comme la Cité troglodytique de Petra, 7ème merveille du monde, oui Madame) où l’on prolongeait parfois les entrées naturelles par des constructions. Mais ces habitations ne purent se maintenir que dans les pays où cette architecture répondait aux contraintes du climat, ou l’eau ne faisait pas défaut et bon nombre de ces cités troglodytes furent abandonnées.
Au moyen age, certains y verront des emplacements d’un interêt plus stratégique : souvent en hauteur donc dominant la plaine, avec de vastes pièces mais de minuscules entrées, leurs pièges et leurs tunnels, ces cités devinrent des forteresses de choix pour les paysans qui s’y repliaient. Ainsi, en cas d’attaque, ils se réfugiaient au premier étage, emmenant femmes, enfants, mais aussi récoltes et bétail, avant de condamner les entrées et de laisser leurs assaillants se faire prendre dans les pièges installés au rez-de-chaussée. Il est une cité du genre à Saint-Rémy-sur-Creuse, Ethni’cité, que j’ai eu le plaisir il y a quelques jours déjà de visiter, et qui montre bien l’interêt que l’on pouvait avoir pour le lieu : Richard Coeur de lion en personne, trouvant le site parfait puisque surplombant le royaume de Philippe Auguste, roi de France, et protégé par le rempart naturel que formait la Creuse, y fit construire son château afin de contrôler le trafic d’hommes et de marchandises sur la rivière…
Cette cité restera au XVIIIème siècle le refuge des tisserants de chanvre, dont on peut découvrir la vie lors de visites accompagnées par la douce Eléonore de Carloy, en se faufillant entre sources et bananiers (si si, des vrais, et avec des bananes, Monsieur!). Allez-y absolument : c’est un lieu très vivant et tout à fait charmant, c’est forcément tout près, en tout cas relativement pas très loin, assurément trop glodyte…

Ci dessus un système ingénieux pour compter les mêtres de tissus confectionnés : au bout d’1 mêtre, le tisserant introduisait un bâton dans un des trous du lot de gauche, en descendant. Au bout de cinquante, il en mettait un dans le lot de droite, en haut. Le premier ordinateur…
De tels habitats sont d’ailleurs encore très prisés : leurs propriétés thermiques (l’amplitude de température journalière est totalement ignorée, et ne varie qu’en fonction de la nature du sous-sol plus ou moins isolant, de son épaisseur et de son exposition), leur charme et leur pittoresque en font, encore aujourd’hui comme à Matmata en Tunisie (Gilles, « avec son professionnalisme et toute son équipe vous attend.A bientôt … » pour vous emmener en quad voir de magnifiques photos…Merci Gilles), des demeures dignes d’un conte-de-fée…
