Tikayu

Au coeur du site des Phosphatières de Bach se cache… un dragon. Oui oui, un dragon de pierre, avec la gueule grande ouverte, qui laisse apparaître ses crocs pointus.

Contrairement à celles qui stagnent sur les plages de la mer du Nord et de la Manche (qui sont en fait des blocs de pierre plantés dans le sable des plages destinés à entraver la progression des chars et autres engins motorisés), les dents de dragon des phosphatières sont le résultat d’un phénomène géologique naturel.

Evidement, il nous faut pour cela remonter dans le temps et atterrir in the Lot il y a 30 M d’années. A l’époque, l’endroit jouissait d’un climat tropical, avec une forte humidité constante et des pluies chaudes, qui ont provoqué une érosion dite « de surface ». On pourrait comparer la chose aux mêmes dents qui se trouvent à l’autre bout de la Terre, en Chine, qui bénéficie du même type de climat, car c’est ce même phénomène d’érosion qui y a sculpté les paysages escarpés que l’on retrouve souvent représentés dans les estampes.

Il n’existe pourtant qu’un seul site sur les 300 phosphatières présentes dans le Querçy qui soit doté d’une telle mâchoire. Le climat tropical ne s’étendait pourtant pas à seulement 50m² ! J’en étais à cette réflexion lorsque la réponse m’apparut dans la ravine en contre-bas du dragon :
La bête fabuleuse adore… les amandes ! En effet, planté à quelques mètres sous le niveau du sol, un magnifique amandier étend ses branches pour essayer d’offrir ses fruits au géant de pierre. Et quel amandier ! Un phénomène aussi celui-là : profitant du phosphate qui gisait dans le sol, il a pu atteindre 27 m de haut (alors que sa taille moyenne est de 8m, contre 20 m pour le badamier, son cousin des tropiques). Effectivement, on peut comprendre que le dragon n’ait pu résister à l’envie de se figer là en attendant la récolte…