Tikayu

Le XIXème siècle est celui des grands progrès techniques, comme entre autres ceux de la chimie du caoutchouc : c’est en effet en 1891 que Mr Michelin, Edouard de son prénom, crée les premiers pneumatiques démontables contenant une chambre à air composée du dit matériau. A l’époque, leur élasticité était bien supérieure à celle actuelle, et l’homme, en grand chasseur, profita de la découverte pour l’utiliser à son tour comme base d’un système de lancement de projectile :
le lance-pierre…

Le lance-pierre (tire-boulette ou fronde) est donc une arme de jet constituée d’un manche supportant deux branches en « Y » sur lesquelles sont attachées des bandes élastiques, parfois elles-même reliées à une bande souple (généralement en cuir).

Pour l’utiliser, rien de plus simple : placez un caillou sur la bande de cuir en le maintenant par le pincement de deux doigts. Mettez en tension l’élastique en éloignant le bras qui tient le manche vers l’avant (et non pas en tirant le projectile en arrière, héééé oui, fallait le savoir…). Relâchez la pression des doigts sur le caillou : le caillou est lancé…

Sachez que pour obtenir un tir précis, il vous faudra tenir compte de la densité de la matière du projectile (c’est-à-dire son poids par rapport à son volume), mais aussi de sa rotondité (à savoir la rondeur de sa forme), pour l’aérodynamisme.

Aussi, sa force d’impact et sa trajectoire dépendront de son « énergie cinétique » (énergie de mouvement).
A savoir :
- de la force de tension exercée sur l’élastique (est-ce qu’on tire fort sur l’élastique ?)
- du facteur d’élasticité de l’élastique (souple ou rigide ?)
- de la dimension de l’élastique (longueur, largeur et épaisseur).
- du poids du projectile et de la nature de sa surface (dure ou molle)

Le lance-pierre est encore utilisé pour la chasse de petits gibiers et d’oiseaux, comme en Afrique (à ce propos, lire « l’enfants et le lance-pierre », extrait de Maroc « grandeur nature », écosystèmes et problématiques, par Michel Tarrier et Jean Delacre), avec comme projectiles des billes de terre. Aussi, même s’il s’agit d’objets modestes, les lance-pierres africains sont souvent sculptés avec talent. Pour leurs créateurs, leur fonction est primordiale et justifie qu’ils soient plus beaux que ce qu’ils paraissent. Pour le regard occidental en revenche, notamment celui du collectionneur, leur intérêt ethnologique prime sur leur qualité esthétique. La variété des œuvres, qui s’exprime pourtant dans des canons tarditionnels assez stricts, est un émerveillement, comme le montrent les images ci-dessous :

Le lance-pierre est également utilisé pour la pêche à la ligne : pour envoyer avec précision des boulettes d’appât et ainsi attirer les poissons. Une version améliorée du lance-pierres est nommée lance-appât, lance-bouillette ou lance-amorce : cet instrument est muni à l’extrémité des élastiques d’un récipient souple ou rigide, qu’on nomme le godet, mieux adapté aux projectiles mous.

Enfin, le lance-pierre peut aussi être un moyen d’expression (!!!) : rendez-vous sur le site de Arrgg!! et vous saurez comment, grâce à lui, on peut placer des banderôles…. Ca donne des idées, non? Voir la fiche technique…ici

Pour rappel : Le lance-pierre est souvent utilisé comme jouet, par les enfants ou les adultes (rappelez-vous, la Guerre des Boutons…), mais son utilisation n’en reste pas moins dangereuse et limite beaucoup les possibilités d’amusement : cette arme de jet (rustique certe, mais cela reste une arme) est considérée en France par la loi comme une arme de 6^e catégorie. Son usage est donc règlementé.
Vous pouvez cependant vous inscrire dans quelque associassion pour une pratique sportive (de façon semblable à l’arc pour la discipline sportive du tir à l’arc), où les tireurs modernes disposent le plus souvent de repose-bras, de stabilisateurs en forme d’antenne et emploient de projectiles plus lourds et plus durs comme des billes d’acier (nous l’avons vu, la densité du projectile permet un tir plus précis, plus distant, mais aussi plus meurtrier).