Et qui sait si ces cailloux ne sont pas mon cœur éclaté ?

Ecrit à Beyrouth en 1974

tripoli176x285.jpg- Père, que fais-tu ?
- Je suis à la recherche de mon cœur. Il est tombé à terre l’autre nuit.

- C’est par ici que tu vas le retrouver ?

- Où donc alors ? Je me baisse vers le sol comme les paysannes en octobre ramassent les olives.

- Tu ne trouveras que des cailloux !

- Bah ! ça entretient ma mémoire et nourrit la conscience que j’ai de moi. Et qui sait si ces cailloux ne sont pas mon cœur éclaté ? Du moins me serai-je entraîné à la recherche solitaire de cette chose qui, égarée, m’a égaré moi-même. Et rien que de chercher c’est, n’est-ce pas ? la preuve que je refuse mon égarement. C’est aussi prouver mon égarement aussi longtemps que je n’ai pas retrouvé cette chose égarée…

Chronique de la tristesse ordinaire, Mahmud Darwish, Ed. du Cerf, 1989



1 commentaire

  1. natureinsolite 7 mars

    Une façon d’apaiser les tourments et de retrouver la paix intérieure.
    Marie.

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